Marguerite Morin
Artist Turns to Cigarette
Because it is known that artists have a weak knee for that little white stick
May your lungs inflate with air, and tobacco stain the lining. May the stench of smoke linger on your clothes like the perfume I used to wear. May you carry them in your pocket for the sake of nostalgia. And may artists light them and create the most wonderful art, as they hold death between their teeth.
Because it is known that artists have a weak knee for that little white stick.
Through Artist Turns to Cigarette, Bella Laflamme, Chris Glabb and Marguerite Morin collaborate closely by curating their own (and each other’s) work, by working on a series together in which they each interpret the same image, and finally, by creating a large collaborative painting that each artist helped create. Their exhibition took place in Gallery 115 from February 26th to March 11th, 2024.
Artist Turns to Cigarette is an exhibition that inhabits the nicotine-stained world of the artist. Laflamme, Glabb and Morin brought to life the stereotype of the smoking artist and highlighted with humour the cigarette as an artistic symbol. Viewers were brought into a yellowed room with tobacco wafting through the air and a television droning in the background.
Fellow francophone artist, Mia Guertin-Crête, honoured Artist Turns to Cigarette with an analysis:
« Cette odeur de fumée secondaire, celle qui, avec le temps, imprègne les meubles, les murs et la peau. Celle qui, mélangé aux autres parfums de la maison, devient familière. Elle est à la fois abjecte, nostalgique et étrangement réconfortante. C’est ce que l’exposition Artist Turns to Cigarette donne à sentir lorsqu'on entre dans la Galerie 115, la galerie estudiantine de l’Université d’Ottawa. Les artistes Bella Laflamme, Chris Glabb et Marguerite Morin, finissant.e.s au baccalauréat en arts visuels, profitent de la décrépitude du lieu et emploient une multiplicité de médiums et de techniques - tels la peinture à l’huile, la sérigraphie, la vidéo et l’intégration d’éléments sculpturaux – afin de discuter avec esprit et humour des enjeux de la consommation de la cigarette. Les œuvres présentés, toutes conçues autour de ce même motif, sont dispersés sur les murs de sorte qu’il y ait du « vide » entre elles, qu’elles puissent respirer. Le centre de la pièce n’étant pas occupé, ceci permet aux visiteurs de déambuler librement. Un banc pourrait y être installé sans gêner la circulation et donnerait à certains la chance de contempler plus longuement le mur du fond, par exemple, qui accroche en premier le regard. Contrairement aux autres murs qui sont majoritairement blancs, celui-ci dégouline d’une substance jaunâtre (probablement du thé), comme s’il était saturé de tabac liquide, ce qui amplifie l’impression d’insalubrité générale de la pièce. Sur ce mur est accroché « Smoker’s Basement », une huile sur toile collaborative représentant un sous-sol où une télévision cathodique trône dans un décor vieillissant. Le salon illustré ressemble au mur sur lequel il est posé ; imbibé de fumé. Juste à côté du tableau se situe trois rectangles blancs. Il est possible de s’imaginer que d'autres toiles, suggéré ici par leur absence, auraient été installées à cet endroit et aurait donc préservé le mur du jaunissement. Il en va de même pour une croix qui aurait laissé son empreinte un peu plus haut. Ces éléments mettent en scène les vestiges qu’ont laissé les années soixante sur les paysages intérieurs et plongent les visiteurs dans leurs souvenirs reliés à ce genre d’espaces domestiques. » « À gauche de ces empruntes se trouve justement une télévision cathodique, rappelant celle de la toile, qui fait jouer en boucle « Artist Turns to Cigarette », une vidéo montrant Bella Laflamme fumer maladroitement du tabac pour la première fois. On entend les rires et les commentaires des deux autres collaborateurs qui sont derrière la caméra. Malgré le cadrage serré, les expressions faciales de l’artiste témoignent d’un mélange de gêne, de plaisir, de fierté et de dégout. À la manière des rectangles blancs qui sous-entendent l’absence des tableaux au mur, le socle blanc sur lequel la télévision repose agit comme un meuble en puissance et participe à l’effet d’homothétie entre la scène décrite par la peinture et l’environnement spatiale de la galerie. » « Tout au long de sa visite, le public est donc accompagné par cette amicale ambiance sonore donnant l’impression de faire partie de ce cercle intime et d’assister éternellement à ce rite de passage au « devenir artiste ». La relique de cet événement, le mégot de la cigarette fumée par Laflamme, est immortalisé dans l’œuvre « Baby’s First Cigarette ». Les mots « Mommy and Daddy’s Pride & Joy » donne à cette célébration inquiétante un ton humoristique et révèle l’absurdité du charme attribuée à la consommation de tabac. » « Ce sentiment entre le malaise et la plaisanterie se prolonge avec « Depiction of Cigarette Pack », une série de trois peintures dont chaque panneau est l’interprétation individuelle des artistes d'une image de paquet de cigarette. Ceci met en relief le style de chacun des peintres, ce qui permet ensuite aux visiteurs de reconnaitre leurs gestes respectifs au fil de l’exposition. Bien qu’ils aient des techniques différentes, les effets provoqués par l’image abjecte illustré – celle de l’opération d’un œil - restent les mêmes et sont reproduits dans Untitled (Teeth in Pattern) de Chris Glabb situé au mur opposé. Les visiteurs sont donc assujettis à l’inconfort, au dégout et la répulsion, mais aussi au charme et à la séduction de l’objet comme le suggère « Respire mon âme automnal ». Le positionnement de cet autoportrait signée Marguerite Morin, dont l’aura vulnérable de l’artiste en introspection semble protégé par les tuyaux et le radiateur encadrant la toile, souligne la prise en considération des prédispositions du lieu lors du commissariat de l’exposition. » « Les espaces négatifs sur le mur jaune mentionné plus tôt se font écho sous forme de taches sur le dernier. Tout au fond de celui-ci se situe « Cigarette Necklce », un petit bijou à la fois risible et élégant qui mériterait d’être mis davantage en lumière et ce, dans les deux sens du terme. À sa droite, une répétition de 12 images nommée « Smoking Felix » fait face à la croix et à la télévision. Ceci n’est pas un hasard, car le personnage d’animation qu’est Félix le chat est dans cette série accompagné successivement de cigarettes, puis d’auréoles assorties à la mention « smoking kills ». La disposition des œuvres permet dans ce cas présent de faire un clin-œil à l'hypocrisie des archétypes de l’artiste fumeur et du bien-pensant qui se chevauche parfois chez une seule et même personne. » « Et pour finir, la démarche artistique de l’exposition, savamment situé près de la porte et du livre d’or manifeste de manière claire et ludique les principales préoccupations des artistes. Une continuité dans le contenu des cartels aurait toutefois été appréciable. Une simple mention « œuvre collaborative » suffirait pour compléter les renseignements et soulager les visiteurs de l’ignorance. Sommes toutes, l’exposition fait preuve d’un commissariat bien réfléchie où la disposition des œuvres les mets généralement en valeur et facilite leur dialogue. Les visiteurs peuvent vivre une expérience esthétique riche qui dévoile tout le potentiel de la relève artistique d’Ottawa. »
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